31.8.10

Devenir active en politique : Vous pouvez – et vous devriez

J’ai récemment écrit un article intitulé « Where are the Women? »dans la revue UofT Magazine (édition été 2010), dans lequel je me plaignais de la pénurie de femmes en politique. Les réactions que cet article a provoquées ont été remarquables. Nous avons besoin qu’un plus grand nombre de femmes participent au processus politique, pour les raisons que j’ai mentionnées dans l’article original, et je suis vraiment heureuse que tant de gens aient répondu et dit qu’ils avaient envie de devenir actifs. Plusieurs ont demandé des conseils sur la manière de soumettre sa candidature pour une charge publique. D’autres ont aussi demandé des conseils, pas nécessairement sur la manière de briguer les suffrages, mais sur la manière de participer au processus politique d’autres manières. Le très grand nombre de réponses m’a amenée à rédiger un texte de suivi contenant des recommandations plus précises sur la manière de procéder. J’aimerais qu’on remarque que j’encourage les hommes ET les femmes à participer davantage – alors messieurs, sentez-vous libres d’utiliser également ceci.

Toutefois, avant de commencer, je voudrais formuler le commentaire suivant : très souvent, y compris dans les réponses reçues à l’article de l’UofT Magazine, des gens, en particulier des femmes, m’ont dit « je n’ai pas les diplômes qu’il faut » ou « mon expérience n’est pas pertinente » ou encore « je réagis trop vivement aux commentaires négatifs ». Balivernes. Un tiers des députés canadiens n’ont pas de diplôme universitaire, mais certaines de ces personnes comptent parmi les meilleurs députés, parce qu’elles possèdent une expérience pratique extrêmement valable. Je peux penser à un ou deux agriculteurs, par exemple, qui font de l’excellent travail au Parlement. Qui pourrait mieux savoir à quoi tant de femmes sont confrontées que quelqu’un qui a mené de front de multiples tâches en élevant des enfants et en tenant maison, tout en ayant un emploi pour payer les factures? Qui d’autre pourrait mieux comprendre les difficultés que connaissent les milliers d’immigrants qui arrivent au Canada qu’une personne ayant vécu cette expérience? Qui est le plus à même de comprendre les besoins pressants d’innovation et d’esprit d’entreprise, de même que les enjeux pour les PME, que des gens ayant de l’expérience dans le monde des affaires? Le gouvernement du Canada a besoin de comprendre les Canadiens, ainsi que de les représenter dans leur diversité. Cela implique que des gens d’horizons différents en termes d’éducation et d’expérience peuvent y participer –mais surtout, qu’ils le devraient.

Bien des gens me disent aussi qu’ils croient que la politique est en quelque sorte un domaine réservé aux élites, ou à des cliques, et que vous devez avoir des contacts pour pouvoir participer. Là encore, balivernes. Le processus politique est bien plus accessible, et il est bien plus facile de commencer à y participer, que je le croyais quand j’ai commencé. Mais il faut commencer quelque part, et j’espère que cet article sera utile à cet égard.

Que vous décidiez de soumettre votre candidature pour une charge publique ou que vous estimiez que vous seriez plus efficace et plus heureux en participant d’une autre manière, je ne vous encouragerai jamais assez à le faire. Cela peut être extrêmement satisfaisant – parfois enrageant aussi, croyez-moi! –mais, en fin de compte, très satisfaisant. J’espère que ce qui suit s’avérera utile dans l’un ou l’autre cas. Plus vous en saurez sur le fonctionnement du système, plus vous apprendrez, plus vous connaîtrez de gens qui participent déjà, et mieux armé vous serez pour déterminer quelle sorte de participation à la vie politique vous convient le mieux.

POSEZ-VOUS QUELQUES QUESTIONS. Quel ordre de gouvernement vous intéresse? ( Voir ci-dessous pour une brève description des gouvernements fédéral et provinciaux et des administrations municipales.) Si c’est le gouvernement fédéral ou provincial, quel parti vous intéresse? Combien de temps avez-vous à consacrer à la politique? Quelles sont les questions qui vous intéressent le plus? Quels députés fédéraux ou provinciaux ou quels conseillers municipaux admirez-vous? Pourquoi? Quels sont ceux que vous ne respectez pas autant, et pourquoi en est-il ainsi? Vos réponses vous aideront à déterminer où concentrer vos efforts et avec qui.

JOIGNEZ-VOUS À UN PARTI. Bien que ce ne soit pas nécessaire en politique municipale, l’adhésion à un parti est un élément fondamental à la fois de la politique fédérale et de la politique provinciale. Voici des liens vers les sites Web des principaux partis : Parti libéral, http://www.liberal.ca/; Parti conservateur, http://www.conservative.ca/; NPD, http://www.ndp.ca/; Parti vert, http://partivert.ca/. Chacun de ces sites vous aidera à savoir dans quelle circonscription (« comté ») vous habitez et vous donne des directives sur la manière d’adhérer au parti et à l’association de circonscription pertinente. Vous pourriez décider de militer ailleurs que dans la circonscription où vous habitez, si un député fédéral ou provincial vous plaît ou si vous connaissez des gens qui sont actifs ailleurs. Il n’existe aucune exigence, même pour briguer les suffrages, pour ce qui est d’habiter dans la circonscription dans laquelle vous concentrez vos efforts, bien qu’il soit utile d’avoir un lien quelconque avec celle-ci. (Dans Willowdale, nous avons plusieurs membres du parti et bénévoles qui n’habitent pas la circonscription — toute personne qui se présente est bienvenue.)

FAITES DU BÉNÉVOLAT. C’est la meilleure manière de connaître les gens, le système, les processus, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Par exemple, les bénévoles sont bienvenus à notre bureau de circonscription. Certains viennent jusqu’à cinq jours par semaine, parce qu’ils ont le temps et que cela les intéresse. D’autres ne peuvent consacrer au bénévolat que quelques heures par-ci, par là. Nous sommes heureux de toute forme de participation, grande ou petite, parce que c’est une excellente façon pour quiconque d’apprendre ce qui se passe vraiment dans le bureau d’un député au niveau de la circonscription, où le travail est fortement axé sur la collectivité et les besoins des personnes dans leurs rapports avec le gouvernement. Nous accueillons aussi des bénévoles à notre bureau d’Ottawa. En dépit du fait que nous soyons parfois un peu à l’étroit avec tout ce monde –les stagiaires, les bénévoles et le personnel – nous adorons cela et nous aimons décrire le bureau comme étant « douillet ». Le travail au bureau d’Ottawa diffère considérablement de celui qu’on effectue dans la circonscription, mais c’est une excellente expérience pour les personnes qui s’intéressent davantage aux aspects législatif et parlementaire du travail d’un député. J’encourage fortement tout le monde à communiquer avec le bureau d’une femme ou d’un homme politique de qui vous aimeriez apprendre et à offrir votre aide. (L’espace manque ici pour donner des liens vers l’ensemble des provinces, des territoires et des municipalités, mais vous les trouverez sur leurs sites Web. On trouve ici une liste de tous les députés fédéraux : http://webinfo.parl.gc.ca/MembersOfParliament/MainMPsCompleteList.aspx?TimePeriod=Current&Language=F%29. Il est possible d’apprendre beaucoup de choses sur ce qui est en jeu, en particulier si vous posez beaucoup de questions. Du point de vue de la politique et des campagnes, devenez bénévole de l’association de circonscription (les coordonnées de la plupart de ces associations se trouvent sur le site du parti politique pertinent). Presque tout le monde cherche de nouvelles personnes, et il y a toujours quelque chose à faire, que cela se rapporte aux politiques, aux activités à l’intention des membres, à la collecte de fonds (oui, cela aussi constitue une partie importante de la politique) ou à la campagne. Certains d’entre nous font du porte-à-porte à l’occasion, même en dehors des campagnes électorales. Cela peut être amusant ainsi qu’une bonne manière de voir comment cela fonctionne. (Ce n’est pas aussi effrayant que craignent certains. Presque toutes les personnes qui viennent ouvrir sont en réalité ravies de vous voir et de vous donner leur point de vue.)

BRIGUER LES SUFFRAGES. Le fait de poser sa candidature à une charge publique est un grand pas à franchir, mais j’encourage fortement tout le monde à envisager de faire ce pas, en particulier après avoir pris le temps d’apprendre et de faire l’expérience de ce dans quoi vous vous engageriez. Ma première réponse à la question « Comment faire pour qu’il y ait davantage de femmes au Parlement? » est de dire tout simplement qu’il suffit qu’un plus grand nombre de femmes se présentent. Si cela vous intéresse, voici quelques conseils sous forme de « qui, quoi, quand, où et comment ».

QUI? De manière réaliste, il faut dire que l’aspect électif et public de la politique n’est pas pour tout le monde. Elle peut être immensément gratifiante. Elle peut aussi être très exigeante –ce n’est pas un emploi de 9 à 5. C’est le cas en particulier lorsque l’assemblée législative est située dans une autre ville, ce qui exige des déplacements et des absences de la maison; cela peut représenter un engagement personnel énorme. C’est plus difficile pour les personnes qui ont une famille ou d’autres obligations (de jeunes enfants, des parents âgés, etc.). Cela facilite les choses si votre situation financière est stable et si vous n’avez pas d’autres responsabilités, qu’elles soient derrière vous (par exemple, les enfants ont grandi) ou que si vous disposez d’une manière ou d’une autre de l’indépendance et de la souplesse nécessaires et/ou du soutien de votre famille.
QUOI? Ce n’est pas de la physique nucléaire, mais la politique exige beaucoup de travail acharné – ainsi que d’autres personnes pour vous soutenir. Vous devrez donc encourager d’autres personnes à vous aider. Il existe beaucoup de livres sur l’art de faire campagne, ainsi que des séminaires. Un ouvrage que je recommande, qui est axé sur les femmes aspirant à se lancer en politique (mais qui est utile pour les hommes aussi) a été préparé par À voix égales et se trouve à http://gettingtothegate.com/. Il y a aussi beaucoup de gens à qui vous pouvez demander conseil; n’hésitez pas à le faire.
QUAND? Le moment où vous vous lancerez dépendra de votre disponibilité, de votre famille et de vos autres engagements. Mais il existe beaucoup d’autres facteurs. Par exemple, quand doit avoir lieu la prochaine élection? Pour quel parti souhaitez-vous vous présenter? Dans quelle circonscription aimeriez-vous vous présenter? Y a-t-il un député sortant? Mais même s’il n’y a pas d’ouverture immédiate dans la circonscription qui vous intéresse, le meilleur moment pour commencer à participer est maintenant, pour apprendre, établir des liens, bâtir un réseau et vous préparer en vue d’une campagne de nomination et d’une candidature en bonne et due forme par la suite.
OÙ? L’endroit où vous vous présenterez dépendra d’une série de facteurs. Bien que, dans la plupart des cas, vous n’êtes techniquement pas obligé d’habiter la circonscription où vous vous présentez, l’endroit où vous vivez est certainement un facteur à considérer, de même que l’endroit où vous travaillez ou où vous avez établi une forme de lien. Vous pourriez choisir un autre endroit parce qu’il y a déjà un titulaire (et qu’il n’y a donc pas d’ouverture), ou parce que quelqu’un est déjà favori dans une éventuelle course à la nomination. De façon réaliste, la « gagnabilité » de la circonscription est aussi un facteur. Bien entendu, la roue de fortune politique peut tourner rapidement, et j’encourage toujours les gens à se présenter. Que vous gagniez ou non, c’est toujours une expérience extraordinaire. Et, souvent, il faut faire campagne plus d’une fois pour être élu.
COMMENT? D’abord, si ce n’est déjà fait, faites vos devoirs au sujet des ordres de gouvernement, des sphères de compétence, des enjeux, des personnalités politiques actuelles et de l’histoire électorale. Ensuite, établissez le contact avec quelqu’un qui est déjà passé par là. Au fédéral ou au provincial, devenez membre de l’association de circonscription locale du parti que vous avez choisi, et devenez bénévole pour donner un coup de main. C’est la meilleure manière d’apprendre à connaître les gens qui sont en place. Enfin, agissez comme bénévole pour une campagne. Ce faisant, touchez à tous les aspects : le porte-à-porte, les appels téléphoniques, la saisie de données, les brochures, les placards, l’aide au candidat lors des débats, « faire sortir le vote », etc. Et posez des questions! Cette expérience sera des plus utiles lorsque vous ferez le saut vous-même.

Au sein de la fédération au caractère plutôt unique qu'est le Canada et selon notre Constitution, divers secteurs de gouvernance relèvent de la responsabilité de divers ordres de gouvernement. Ce qui suit est une description générale et certainement non exhaustive – et des chevauchements de compétences existent dans certains de ces secteurs. (Pour un assez bon résumé, voir Wikipédia, sur le fédéralisme canadien.)

Le gouvernement fédéral est responsable des secteurs suivants : la macro-économie du pays; la monnaie et les banques; les affaires étrangères et le commerce; des aspects importants de l'environnement; les forces armées et la défense; diverses autres activités qui transcendent les limites des provinces, par exemple le transport national (aérien, ferroviaire et maritime, et les autoroutes nationales); la Société canadienne des postes; les questions autochtones; les pêches et les océans; le droit pénal; l'assurance-emploi et le Régime de pensions du Canada; la Loi sur la santé nationale; la propriété intellectuelle; la citoyenneté et l'immigration – vous avez saisi l'idée. Le Parlement fédéral compte 308 députés, dont la quasi-totalité appartient à un parti politique en particulier. Le gouvernement est formé par le parti qui fait élire le plus grand nombre de députés, et le chef de ce parti devient premier ministre (il ou elle n'est PAS élu directement par le peuple). L'Opposition officielle est formée par le parti qui est arrivé au deuxième rang en termes de députés élus.

Les gouvernements provinciaux sont responsable de la propriété et des droits de la personne, y compris la protection du consommateur; de la prestation des services de santé; du bien-être social; de l'administration de la justice (la plus grande part du système judiciaire); des ressources naturelles et de l'environnement. Le mode d'élection de ces gouvernements est semblable à celui du gouvernement fédéral, en fonction des partis.

Les administrations municipales sont responsables des besoins directs de la collectivité : eau, égouts, collecte des ordures, transport en commun, urbanisme, bibliothèques, services d'urgence tels que les pompiers. De plus en plus, en particulier dans les grands centres urbains, les administrations municipales héritent du fardeau de plusieurs problèmes qui n'ont pas été jugés au départ comme étant de compétence municipale, par exemple les difficultés d'établissement des immigrants récents et les logements abordables. La politique municipale n'est pas (en tout cas, pas officiellement) menée selon des lignes de parti, et il n'est pas nécessaire de se joindre à un parti politique en particulier pour participer ou pour être candidat. (Ce point est très attrayant pour bien des gens qui veulent être actifs en politique en fonction des enjeux, mais que la politique partisane met mal à l'aise.)

No comments:

Post a Comment